0 Shares 3533 Views

Kiki Smith à la Monnaie de Paris, une carte blanche exceptionnelle

Agathe Pinet 11 novembre 2019
3533 Vues

Kiki Smith - Monnaie de Paris

Une centaine d’œuvres de l’artiste Kiki Smith ont investi les murs de la Monnaie de Paris pour notre plus grand bonheur. L’exposition inédite est à voir jusqu’au 9 février 2020.

Pionnier, engagé et harmonieux, le travail de Kiki Smith invite à la fois à l’introspection et à la contemplation du monde qui nous entoure. Au fil des salles, le public découvre les thèmes abordés par l’artiste : organe, peau, corps, animaux, nature et univers. Du microscopique au cosmologique, Kiki Smith met des images sur ce que nous ne saurions voir : notre existence au sein du cosmos ou encore notre lien étroit avec la nature.

Sungrazer VII, 2019, Sungrazer VIII, 2019, Sungrazer IX, 2019 © Kiki Smith, courtesy Pace Gallery

L’art de Kiki Smith s’inscrit également dans une démarche féministe, comme illustré par Pyre Woman Kneeling. Avec cette sculpture l’artiste s’attaque au sujet des procès fait aux femmes accusées de sorcellerie pendant la Renaissance ayant conduit à des dizaines de milliers d’assassinat. Puissantes et en chair, les femmes de Kiki Smith ne sont pas objectifiées par un regard masculin.

Kiki Smith, Pyre Woman Kneeling, 2002  © Kiki Smith, courtesy nctm e l’arte and Galleria Raffaella Cortese

Le parcours, pensé par l’artiste elle-même sous le commissariat de Camille Morineau, rend hommage à la large palette de médiums qu’elle maitrise : sculptures, tapisseries, cire, dessins et gravures sont au cœur de cette rétrospective. Par leur intermédiaire, Kiki Smith parvient à créer des œuvres pleines de sens, sans jamais tomber dans le superflu ou l’inaccessible. Sleeping, Wandering, Slumber, Looking About, Rest Upon (2009) qui ouvre l’exposition n’invite à rien d’autre qu’à déambuler parmi des sculptures géantes de femmes et de moutons dispersées dans le Salon Dupré.

Kiki Smith, Sleeping, Wandering, Slumber, Looking About, Rest Upon, 2009-2019 © Kiki Smith, courtesy Pace Gallery

Au sein de cet univers, l’artiste navigue et s’inspire de ces expériences personnelles aussi bien que de références culturelles et spirituelles. Ainsi, la religion catholique, dans laquelle elle a été élevée est prédominante à travers l’image de la Vierge Marie. L’importance de cette figure s’explique également par le lien qu’elle voit entre religion et art: « it’s one of my loose theories that Catholicism and art have gone well together because both believe in the physical manifestation of the spiritual world ».

Kiki Smith, Untitled, 1995 © Kiki Smith, courtesy Pace Galler

L’artiste s’inspire également de son enfance et des contes qu’on lui a lus. Avec Rapture, elle représente une femme naissant d’un loup, clin d’œil au Petit chaperon rouge. Son intérêt pour les héroïnes de contes et son désir de montrer le lien fort entre femme et animaux a été insufflés par la découverte d’un tableau représentant Sainte Geneviève, patronne de Paris, entourée de loups et de moutons.

Ce qui frappe dans cette exposition inédite, c’est la capacité de l’artiste à réconcilier les contraires et à faire dialoguer des éléments habituellement montrés en opposition. C’est ainsi que féminin et masculin, religieux et profane, enfance et âge adulte se répondent avec harmonie tout en provoquant des émotions diverses chez le spectateur.

Agathe Pinet

Articles liés

Concerto pour violon de J. Brahms à la Salle Gaveau
Agenda
37 vues

Concerto pour violon de J. Brahms à la Salle Gaveau

Pour les amoureux de concert classique, la Salle Gaveau nous promet de la haute qualité avec un nouveau concert en mais avec J. Brahms et l’orchestre de CRR de Paris.  Au programme :  J.BRAHMS Concerto pour violon en ré...

Récital de piano avec Barry Douglas à la Salle Gaveau
Agenda
37 vues

Récital de piano avec Barry Douglas à la Salle Gaveau

Médaille d’Or du Concours Tchaïkovski en 1986, Barry Douglas se produit en récital sur toutes les grandes scènes du monde – du Royaume-Uni au Mexique, des PaysBas aux États-Unis. Il est l’invité de prestigieux orchestres, parmi lesquels le BBC...

Un « Dom Juan » sulfureux et maudit à l’Odéon
Spectacle
176 vues

Un « Dom Juan » sulfureux et maudit à l’Odéon

Projetant la pièce de Molière au 18° siècle, sous la tutelle du Marquis de Sade, Macha Makeïeff fait de cet anti-héros un prédateur sulfureux et languissant, interprété avec brio par Xavier Gallais dans un décor unique. Une course à...